Le monde agricole doit faire face à de nouveaux défis d’ordre humain, économique et environnemental. Depuis quelques décennies, l’agriculture traditionnelle fondée sur des habitudes générationnelles est remise en question. Le travail pénible, la rentabilité et l’écologie la contraignent à se moderniser. Et en 2020, la crise de la Covid-19 a mis en lumière ses faiblesses.

Aujourd’hui, l’agriculture compte 10 000 robots et de nombreuses start-up, comme Naïo Technologies ou Agreenculture développent de nouvelles solutions. Ces innovations prometteuses pour l’amélioration des conditions de travail et de pratiques plus vertueuses annoncent pour l’avenir un important déploiement de la robotique.

La robotisation agricole est-elle aujourd’hui en capacité de rendre le travail plus attractif ?

La robotisation est-elle nécessaire pour réduire la pénibilité des tâches agricoles ?

Que ce soit en arboriculture, en viticulture, dans le maraîchage ou en élevage, le travail agricole contraint les ouvriers à d’importants efforts physiques et à des tâches répétitives entraînant des troubles musculo-squelettiques (TMS). Le port de charges, les postures pénibles (bras levés, positions accroupies ou à genoux), les vibrations, l’exposition aux produits dangereux entraînent des TMS, qui sont la première cause1 de maladies professionnelles reconnues en agriculture.

Planter, semer, biner, cueillir, désherber, récolter exigent de longues durées de travail et d’efforts qui s’intensifient avec les cadences dues à la saisonnalité. De nouvelles normes réduisent de plus en plus l’utilisation de pesticides dans les cultures biologiques ou conventionnelles, mais les travailleurs agricoles sont toujours au contact de ces substances chimiques qui nuisent à leur santé.

De plus, la réduction de ces intrants a entraîné un besoin plus important d’ouvriers pour effectuer le désherbage qui est un travail pénible et coûteux en temps.

Ces difficiles conditions de travail entraînent des pénuries de main-d’œuvre et associées à une faible rentabilité fragilisent les économies de ces exploitations agricoles.

Pour rendre ce milieu attractif, maintenir et pérenniser leurs activités, les producteurs doivent agir sur la pénibilité du travail agricole. Les robots sont conçus pour répéter des actions simples et complexes d’une grande précision et à l’infini. C’est pourquoi, la robotisation doit se généraliser pour assister et remplacer les ouvriers dans les tâches ingrates et répétitives ce qui leur permettra de se concentrer sur d’autres tâches plus valorisantes.

La robotique agricole : un déploiement difficile

Un sondage réalisé par terre-net.fr2 révèle que près de la moitié des agriculteurs ne confieraient pas leurs cultures à un robot. La robotique doit encore prouver son efficacité et convaincre les agriculteurs qu’elle apporte une meilleure rentabilité, l’amélioration des conditions de travail et un travail humain plus efficient. Sur plus de 10 000 robots agricoles, aujourd’hui 80% sont déployés pour la traite des vaches. Environ 2000 robots sont dédiés à la gestion de l’alimentation, des effluents d’élevage (volailles et bétails) et au nettoyage des litières (robots pailleurs, aérateurs de litière). Environ 100 robots de désherbage aident dans les maraîchages et une dizaine dans les vignobles.

La volonté de robotiser les tâches est bien là, notamment chez les maraîchers, les vignerons et les arboriculteurs dont les cultures et les modes de culture sont chronophages, difficiles et qui n’attirent pas la main-d’œuvre. Ces professionnels souhaitent de plus en plus robotiser leurs pratiques et faire des économies d’intrants, d’eau, pallier le manque de bras.

L’État offre cette opportunité en allouant une enveloppe de 200 millions d’euros dans le cadre du 4ème Programme d’Investissement d’Avenir (PIA4) lancé en 2021. L’objectif est d’accélérer le développement des technologies innovantes pour une meilleure compétitivité du monde agricole ; cette stratégie vient en complément des 2 milliards d’euros du plan France 2030 pour l’agriculture et l’agroalimentaire.

Pour désherber les vignes ou les cultures maraîchères des robots entièrement autonomes existent et certains sont commercialisés. La start-up Naïo Technologie développe des solutions autonomes pour entretenir avec précision les rangs de vignes, munis d’un système GPS, d’une interface intuitive, ils évitent les trous et les obstacles. Ils permettent de gagner du temps en travaillant jusqu’à 5 hectares par jour, et donnent ainsi la possibilité aux producteurs de se concentrer sur la valeur ajoutée. Véritables concentrés de technologies, ces robots agricoles doivent répondre à toutes les exigences des terrains et des métiers. Pour accompagner ces solutions innovantes, BIBUS France propose une gamme complète de chaîne de traction électrique pour les robots ou engins agricoles les rendant plus vertueux pour l’environnement.

En arboriculture, les récoltes de fruits sont délicates, et même si les solutions robotiques existent et que les démonstrations techniques se multiplient, la commercialisation des robots-cueilleurs est encore marginale. Munis de capteurs ultra-sensibles et de préhenseurs, ces robots sont capables d’identifier les fruits, mais la cueillette exige une délicatesse, un toucher humain qui n’écrase pas les fruits mûrs. Aussi, leur efficacité est encore soumise à leur environnement, notamment en plein air, aux terrains accidentés, à la météo et aux changements de lumière. Et leur coût financier est encore élevé pour être généralisé et rentable pour les petites et moyennes exploitations.

La robotique agricole contribue à améliorer les conditions de travail des opérateurs et à rendre le monde agricole plus attractif. Mais le développement des robots n’est pas encore systématique et est confronté à des contraintes technologiques et financières. Hormis les éleveurs, seules quelques exploitations arboricoles ou maraîchères sont équipées de robots sur-mesure. Cependant, il y a fort à parier que la demande s’intensifiant, les solutions technologiques se développeront, notamment avec le soutien de l’État, et les prix d’acquisition baisseront.

1https://ssa.msa.fr/risque/troubles-musculosquelettiques/#:~:text=Les%20troubles%20musculo%2Dsquelettiques%20constituent,les%20sollicitations%20li%C3%A9es%20au%20travail

2https://www.terre-net.fr/materiel-agricole/tracteur-quad/article/robots-en-culture-un-agriculteur-sur-deux-n-a-pas-confiance-207-203904.html